“quand elle est au creux de mon lit
elle prend toute la place”
—georges moustaki
de gare en gare
de port en port
de vestibule d’aérogare
en chambre d’hôtel
ce sourire sur l’ailleurs
comme on recouvre de nuit
un entier paysage
exquis et silencieux parfum
la solitude
çà et là
détournée troublée
telle averse
chassée par le vent
vers d’autres demains ou d’autres hiers
d’autres lointains du temps et du monde
dans l’ombre la solitude
s’accrochant
à un rire trop clair
à des jambes trop nues
naufrageant dans l’oubli
l’éphémère de l’humain
à une main ensemencée d’amitié
aux pleurs voilés
de promesses nouvelles
et si vite fanées
la solitude
l’absolue vérité
offerte en partage
un soir de mots sans fin
sur la route du rhum
quand le zinc bafouille d’abondance
et de fraternité marronne
un soir de brume
où les chiens même
des grandes villes
hurlent à l’amour
puis la solitude
revenant flotter
au ciel du jour
dans le silence des pas
délicieuse effluence
"when she’s snug in my bed
she takes up all the space"
—georges moustaki
from station to station
from port to port
from airport lounge
to hotel room
this smiling on elsewhere
as we wrap in night
an entire landscape
exquisite and silent perfume
solitude
here and there
diverted disrupted
like a cloudburst
blown by the wind
toward other tomorrows or other yesterdays
other reaches of time and world
in the darkness solitude
clinging
to laughter too bright
to legs too bare
foundering into forgetfulness
the transience of human beings
to a hand sown with friendship
to tears veiled
with new promises
that fade so fast
solitude
the absolute truth
offered for sharing
one night of endless words
on the rum route
when the bar sputters from excess
and the underground brotherhood
an evening of mist
when even
the city dogs
howl at love
then solitude
returning to float
in the daytime sky
in the silence of footsteps
sweet emanation
Translated from French into English by Nancy Naomi Carlson.